Foyer Annie Solange

Brigitte (à droite), souffrant de handicap psychique et mental, vit dans ces maisons extérieures du Foyer Annie-Solange

Article du journal le Réveil Normand écrit par Hugo Deshors

Au Foyer Annie-Solange, ces résidents âgés de 52 à 83 ans souffrant de handicap psychique et mental vivent, ensemble, dans des maisons extérieures à Breteuil (Eure).

« Plus d’autonomie »

Il est un peu plus de 16 heures quand Brigitte s’active pour préparer le café.

Elle s’applique à bien mettre le filtre, à verser l’eau proprement. Brigitte à 57 ans et souffre de handicap psychique et mental.

Comme treize autres résidents et résidentes (quatorze en tout), elle vit dans une maison à l’extérieur du Foyer de vie Annie-Solange (qui accueilli environ 70 personnes adultes de plus de 45 ans) de l’association Jules Ledein, à Breteuil (Eure).

Une première étape dans l’indépendance et l’autonomie pour ces personnes handicapées, à travers l’expérimentation « Hors les murs ».

                        En pleine préparation du café…

« Quand on m’a dit que j’allais habiter dans cette maison-là, j’étais heureuse », nous confie Brigitte, si fière de nous faire visiter son endroit. D’ailleurs, c’est « sa maison » comme elle le dit si bien, « et elle est belle, j’ai de la chance », ajoute Brigitte. Elle vit avec « son chéri Pascal » et Lucien un autre résident.

                        Ces personnes handicapées cohabitent, ensemble, jour après jour


                        Le but, « c’est de les laisser faire au maximum »

Tous les trois, ils doivent cohabiter, vivre comme tout un chacun avec leur propre chambre. Ménage, cuisine et repas, entretien de la maison, toilettes, activités diverses, occupation, « le but est de les laisser faire au maximum, explique Thierry Martin, le directeur de l’établissement. Aller vers plus d’autonomie, c’est dans le sens de l’histoire ».

Bien sûr, l’idée n’est pas qu’ils soient livrés à eux-mêmes, au contraire. Maryvonne Da Silva Oliveira, animatrice-coordinatrice au sein du foyer Annie-Solange et responsable des Maisons extérieures le précise.

En fonction de leurs besoins

« De 7 h 30 à 14 h et de 14 h à 20 h 30, elles s’assurent que tout se passe bien dans les quatre maisons* occupées par nos résidents âgés de 52 à 83 ans ». Ici, la sécurité est maximale, « aucune mise en danger d’autrui ».

Et l’accompagnement est à la carte selon les capacités, les envies et les souhaits des personnes handicapées.

« Certains vont avoir plus de facilités que d’autres à faire des tâches du quotidien », complète Maryvonne. Une sorte d’appui, « tout s’articule en fonction de leurs besoins ».

Mettre en route le lave-vaisselles, ouvrir la porte du micro-ondes et le faire démarrer, ranger sa chambre, nettoyer la douche, relever le courrier, des gestes du quotidien peut-être anodins mais qui sont tellement importants pour ces personnes.

« C’est la vie de monsieur et madame Tout-le-monde », poursuit Thierry Martin. Le directeur regrette de n’avoir pas pu, cette année, développer le concept d’insertion sociale dans la ville. « Avec les confinements, il a été difficile de permettre à ces personnes de pouvoir sortir librement ».

« Les bienfaits sont là »

Les côtés positifs de l’expérimentation sont nombreux. « Ils gagnent en bien-être et en autonomie, confirme Karine Letertre, cheffe de service. Ils s’approprient leur maison avec ce sentiment d’être chez soi. Ils savent qu’ils ont un peu plus de liberté, moins de règles qu’au foyer ».

Comme le souligne Stéphanie, accompagnatrice sociale, « les bienfaits sur leur moral sont là, on le voit bien. Ils sont épanouis, heureux. Comme on leur donne plus de responsabilités, ils apprécient vraiment ».

                        Les côtés positifs de l’expérimentation sont nombreux.
                                     « Ils gagnent en bien-être et en autonomie », confirme Karine Letertre, cheffe de service.



A l’image de Stéphane, l’un des résidents handicapés, qui aime s’occuper du jardin, « planter des fleurs au printemps et récolter des pommes de terre ». Ou de Claude, le sourire aux lèvres, au Foyer Annie-Solange depuis 1987, et de Jacques qui ne rechigne pas devant le ménage.

« A taille humaine »

L’objectif ensuite, c’est l’étape supérieure : l’habitat inclusif. « Nous avons répondu à un appel d’offres en rapport avec cela », assure Thierry Martin. Affaire à suivre….

Notre force, c'est d'être une petite association à taille humaine, poursuit le directeur. Pour pouvoir innover et grandir, il faut être audacieux et évoluer vers d'autres choses en s'ouvrant aux autres. Nous avons toujours été en avance dans la culture de l'innovation et de l'autonomie dans le travail.

Thierry Martin Directeur du Foyer Annie-Solange

                       Le sourire aux lèvres chez les résidents

Des accompagnatrices polyvalentes

À l’image de Stéphanie, les accompagnatrices sociales qui sont en charge des Maisons extérieures du Foyer Annie-Solange, font preuve d’une polyvalence à rude épreuve. « Elles font beaucoup de choses et doivent s’adapter à diverses situations », reconnaît Thierry Martin, directeur.
Et entre elles et la direction, « le système de communication est important ». Autre donnée primordiale, « la confiance dans les équipes, complète Maryvonne Da Silva Oliveira, c’est fondamental pour que cela fonctionne ».
Au départ, il a fallu s’adapter pour Stéphanie et ses collègues. Mais très vite, les choses se sont mises en place.


Des familles parfois craintives

Le choix de ces résidents en maisons extérieures se fait « soit à l’initiative des résidents et de leurs familles, soit à notre initiative parce que selon l’évaluation, nous considérons que la personne est capable », souligne Thierry Martin, directeur.
Néanmoins, « le frein vient parfois des familles des résidents. Elles ont peur de ce qu’il peut se passer. C’est nouveau et cela peut être assez bouleversant comme changement ». Une certaine appréhension peut naître.
Comme cet exemple décrit par Maryvonne Da Silva Oliveira, « une famille d’une résidente ne voulait pas au départ. Quand les membres de la famille sont venus voir comment cela se passait, ils ont changé d’avis ».